Mode

Les impacts du polyester sur la santé et l’environnement

En 2022, la production mondiale de fibres synthétiques a dépassé les 70 millions de tonnes, dont plus de la moitié en polyester. Cette matière représente aujourd’hui la première source de microplastiques présents dans les océans.

Des études récentes relèvent la présence de composés toxiques dans certains textiles synthétiques, dont le polyester, pouvant être libérés lors du port ou du lavage. Les effets cumulés sur la santé humaine et sur les écosystèmes restent encore mal quantifiés, malgré l’adoption croissante de cette fibre dans l’industrie textile.

Polyester : pourquoi ce tissu est partout dans nos vies ?

Difficile d’y échapper : le polyester s’est incrusté partout, des rayons des magasins aux placards des foyers. Cette fibre synthétique, issue du pétrole, a transformé la planète mode en quelques décennies. Son secret ? Une fabrication rapide, un coût dérisoire, une résistance qui défie le quotidien. Plus de la moitié des textiles sur Terre proviennent désormais du polyester : c’est la colonne vertébrale de nos garde-robes, du jogging au tailleur.

Ce qui propulse le polyester sur le devant de la scène, c’est aussi sa capacité à jouer tous les rôles. Matière qui sèche en un rien de temps, ne se froisse pas, et s’adapte à toutes les envies de textures. Grâce à une structure qui se prête volontiers au mélange, il fusionne sans effort avec coton ou élasthanne, s’invitant autant dans le prêt-à-porter que dans les équipements sportifs. Les stylistes l’apprécient pour sa souplesse, sa faculté à imiter les matières les plus luxueuses, brouillant parfois les pistes.

Derrière ce succès, un procédé industriel affiné depuis les années 1950. Le polyester naît d’une réaction entre l’acide téréphtalique et l’éthylène glycol, produisant une fibre d’une régularité exemplaire. Vêtements, accessoires, linge de maison : la vague polyester emporte tout sur son passage, nourrie par une industrie avide de nouveautés et de marges. Certes, les versions recyclées, issues par exemple de bouteilles en plastique, gagnent du terrain, mais elles restent minoritaires face à l’avalanche de polyester vierge qui continue de sortir des usines.

Quels sont les vrais effets du polyester sur la santé et la planète ?

Le polyester s’impose partout : vêtements, linge de lit, moquettes, impossible d’y couper. Mais sa fabrication pèse lourd sur la balance écologique. Elle exige de grandes quantités d’énergie et libère des gaz à effet de serre. Le pétrole, bien que camouflé dans la fibre finale, laisse une trace profonde. Résultat : l’industrie textile, dopée au polyester, figure parmi les plus gros pollueurs mondiaux.

À chaque machine, un vêtement en polyester relâche des microfibres plastiques dans l’eau. Invisibles à l’œil nu, ces particules traversent les stations d’épuration, filent vers les rivières et les océans, puis s’accumulent dans les organismes vivants. Plusieurs ONG, dont le WWF, tirent la sonnette d’alarme : ce plastique finit par remonter la chaîne alimentaire, jusqu’à l’assiette humaine.

Pour la santé, le polyester n’est pas non plus un allié. Il favorise la transpiration, peut causer des démangeaisons, des rougeurs, voire des réactions allergiques. Les substances chimiques employées pour les teintures ou les apprêts s’incrustent parfois dans la fibre, et restent au contact direct de la peau. Derrière un simple t-shirt technique se cachent donc souvent des résidus chimiques, présents bien après l’achat.

Une question persiste : que devient le polyester en fin de vie ? Sa solidité est un atout à l’usage, mais un problème une fois jeté. Il se dégrade lentement, polluant le sol ou l’eau pour des décennies. Le recyclage existe, mais reste marginal à l’échelle globale. Malgré les efforts affichés, la montagne de polyester continue de grandir, sans solution miracle à l’horizon.

Adolescent examinant un t-shirt en polyester dans un champ

Des alternatives durables existent-elles vraiment pour remplacer le polyester ?

Face à l’empire du polyester, quelques solutions font surface. Le polyester recyclé, souvent vanté par les marques, consiste à transformer des déchets plastiques, bouteilles, emballages, en nouvelles fibres textiles. Cela limite l’extraction pétrolière et détourne une partie du plastique des décharges. Mais le problème des microfibres subsiste : les vêtements recyclés continuent d’en relâcher à chaque lavage. Recycler n’efface donc pas totalement la trace laissée sur la planète.

D’autres matières, plus anciennes ou innovantes, reviennent sur le devant de la scène. Voici quelques exemples de fibres naturelles ou alternatives qui suscitent l’intérêt :

  • Coton : omniprésent, mais gourmand en eau et en produits phytosanitaires. La filière biologique cherche à réduire l’impact, sans tout régler pour autant.
  • Lin et chanvre : fibres végétales robustes, peu exigeantes en pesticides, adaptées au climat français, et surtout biodégradables.
  • Laine : ressource renouvelable, mais dont la production pose la question du bien-être animal et de la gestion des élevages.

L’industrie explore aussi d’autres pistes. La viscose, élaborée à partir de cellulose, séduit pour sa douceur, mais son procédé de fabrication reste critiqué en raison de l’utilisation de solvants chimiques. Le polyamide recyclé, combiné à l’élasthanne pour des vêtements techniques, fait une percée, même si sa production dépend encore des ressources fossiles.

Les chercheurs planchent désormais sur des fibres issues de déchets agricoles ou même de micro-organismes. L’innovation avance vite, mais trouver l’équilibre entre qualité textile, impact environnemental et viabilité industrielle s’avère complexe. La solution parfaite n’existe pas encore, mais la dynamique est lancée.

Aujourd’hui, la fibre polyester tisse sa toile partout, mais l’histoire n’est pas figée. Face à l’urgence écologique, chaque choix vestimentaire compte et dessine, à sa façon, un nouveau chapitre pour la mode et la planète.